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Facebook, le grand plongeon (Le Devoir, 27 juillet 2018)

À LIRE DANS LE DEVOIR
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« Ils n’ont pas le choix d’investir dans la sécurité. Dès lors qu’on gère les données des autres, et que cette gestion peut avoir un impact négatif sur les personnes elles-mêmes, c’est dans la nature des choses », a dit au Devoir le professeur Vincent Gautrais, titulaire de la Chaire L.R. Wilson sur le droit des technologies de l’information et du commerce électronique à l’Université de Montréal. « Toute industrie doit s’assurer de ne pas générer de dommages vis-à-vis des autres. »

Dans le domaine du Web, il y avait généralement depuis le milieu des années 1990 un régime d’exonération de responsabilité, qui avait d’ailleurs été intégré dans certaines lois, dit M. Gautrais. « Et c’est le cas typique d’une industrie qui n’est pas mature. Dans le sens où toute industrie mature implique des règles de responsabilité classiques. » Il mentionne, en guise d’exemple, l’industrie automobile. Même si l’acheteur d’une voiture ne signe pas de contrat directement avec le constructeur, celui-ci a l’obligation de procéder à un rappel sur ses véhicules en cas de problème.
Environ la moitié des revenus de Facebook vient des États-Unis et du Canada. Le quart provient de l’Europe. Facebook a affirmé que si l’achalandage a diminué en Europe, c’est en raison de l’entrée en vigueur du Règlement général sur la protection des données (RGPD). « Le RGPD a été un moment important pour notre industrie, a dit M. Zuckerberg. Le nombre d’usagers actifs sur une base mensuelle a reculé d’environ un million à cause de cela. »
Cet argument ne convainc pas Vincent Gautrais. « La raison première, c’est qu’ils ont, sans doute involontairement, fait preuve d’une diligence pour le moins mitigée à permettre une sorte d’open bar en laissant des gens utiliser les données pour des fins qui n’étaient pas consenties par les individus. […] Je ne vois pas en quoi le règlement aurait une incidence. C’est plus les manquements dans la gestion des données en tant que tels. »
L’avenir s’est-il assombri pour Facebook ? Les réseaux sociaux semblent avoir atteint leur pic, a affirmé sur Twitter l’investisseur Ross Gerber, un invité fréquent de la chaîne financière CNBC. « Facebook a plusieurs défis devant elle. Ce n’est plus la même entreprise. Mais elle est encore en très bonne position. »

Ce contenu a été mis à jour le 27 juillet 2018 à 13 h 53 min.