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Un bon blogue juridique c'est…

Depuis plusieurs semaines déjà, je voulais y aller de mon « 2 cents » afin de tenter de circonscrire les atouts d’un bon billet juridique. En effet, avec le lancement dans une version béta de la plateforme droitdu.net, il s’agissait d’inciter les étudiants des 6 universités impliquées à se lancer, à apprivoiser cette nouvelle forme d’écriture. Une écriture hypertextuelle, distincte du papier, dans sa forme et dans son fond; distincte du plan en deux parties dont je ne peux difficilement me passer pour mes écrits papier mais qui m’est d’un piètre apport tant pour l’oralité que pour cette communication hybride qui passe par l’écran. Écrire «web» demande à repenser le pourquoi et le comment d’un court billet. 

Or ce rappel à l’ordre m’est venu ce matin par la publication, justement, d’un billet de Thoma Daneau, ancien de la Maîtrise en commerce électronique (UDM / HEC), et employé chez Adviso, compagnie elle-même fondée par des anciens de ce programme. Un billet en forme de recette de cuisine, qui donne l’eau à la bouche.

Écrire écran

Il transparaît clairement dans ce billet qu’un blogue doit d’abord et avant tout être beau, appétissant. Il doit aussi être agrémenté d’images qui sont particulièrement adaptées à ce type de support. Droitdu.net arbore donc des bandeaux. Même s’il n’est pas toujours facile de faire un lien entre un sujet de droit, parfois aride, et une photo, et comme le dit Thoma, les banques d’images, tels que Flickr,  sont souvent étonnantes d’originalité. À propos d’originalité, la prise en compte du droit d’auteur s’impose; d’éventuelles licences créative commons peuvent être fort opportunes.
Écrire sur un écran implique donc des adaptations et pour reprendre les propos tenus par Jakob Nielsen lors d’un autre siècle (1997), il importe d’être court, imagé, structuré, en utilisant puces et caractères gras, couleurs, etc.

Écrire  liens

Un billet doit aussi être une invitation au «voyage». Entendons pas là que bloguer c’est lier; c’est offrir la possibilité pour le lecteur de s’approprier le contenu qui est l’objet du commentaire. Il faut donc compenser la brièveté presque nécessaire du propos par une proximité à la source. Bien avant la révolution du web 1.0, 2.0 ou plus, la révolution tient du lien. Comme le disait l’historien Roger Chartier (.doc). il y a longtemps déjà:

« La révolution de notre présent, à l’évidence, et plus que celle de Gutenberg, ne modifie pas seulement la technique de reproduction du texte, mais aussi les structures et les formes mêmes du support qui le communique à ses lecteurs. (…) avec l’écran, substitué au codex, le bouleversement est plus radical puisque ce sont les modes d’organisation, de structuration, de consultation, du support de l’écrit qui se trouvent modifiés. »

Écrire aujourd’hui

De façon ironique, je travestis quelque peu un adage bien connu selon lequel un bon billet, c’est comme le poisson, après trois jours, il n’est plus frais. Sans être trop à cheval sur cette exigence, il importe néanmoins d’être relativement à jour. Bloguer implique donc d’être en veille avec ce qui ne manque pas de poindre quotidiennement en droit des t.i. et droit de la p.i. Le rapport au temps et donc l’une des grandes différences avec le support papier et évidemment tout particulièrement un livre. Cette apprentissage quotidien est justement aussi une méthode pédagogique où l’apprenant s’éduque lui-même en se tenant à jour de ce que l’actualité juridique ne manquera pas de lui apporter.

Écrire droit

À la différence du billet précité, la raison d’être de droitdu.net, c’est d’écrire Droit. Aussi, et au-delà de cette révolution communicationnelle précédemment décrite, il y a un conservatisme inhérent au domaine juridique auquel nous ne pouvons nous soustraire. Le droit par nature est une science de la réaction, un regard dans le rétroviseur dans la mesure où l’interprète doit toujours se baser sur l’avant, sur le passé. Aussi, un bon billet doit impérativement référer aux sources primaires du droit et lier l’élément d’actualité avec une doctrine, une loi ou règlement, une décision de justice évidemment, voire une norme informelle (usages). Il doit donc faire des liens non pas dans le sens technique vu précédemment mais avec la culture juridique qui est la notre.

Écrire pour les autres

 Bloguer c’est aussi écrire pour les autres; très souvent, avec cette actualité qui a ses atouts mais aussi quelques travers  «chronophages», le billet est aussi un moyen d’offrir à la communauté les tenants et aboutissants d’une nouvelle décision, d’une nouvelle loi, d’un nouveau livre ou article. Aussi, il peut être très intéressant de saisir certains extraits ou paragraphes et de les citer, avec les parenthèses d’usage. De surcroît, ce type de citation permet d’accentuer le lien avec les sources du droit et la nécessaire juridicité de notre plateforme. La plateforme droitdu.net se veut un blogue de juristes; néanmoins, il n’est pas interdit à l’occasion d’avoir un auditoire plus élargit.

Écrire authentique

 Enfin, et pour finir ces quelques lignes, je crois qu’un billet de blogue dispose peut-être d’une plus grande liberté qu’un document papier. Au-delà du terme d’authenticité qui a souvent été invoqué pour caractériser ce type d’écriture, et bien que ce soit sans doute plus difficile, il est toujours agréable d’y attacher une pointe d’humeur, d’appréciation, une couleur plus personnelle.

Voilà donc quelques humbles conseils issus de 4-5 années d’enseignement à demander à mes étudiants de bloguer, leurs productions faisant l’objet d’une évaluation pouvant constituer jusqu’à 40% de la note finale. Une manière de faire très empirique, source à plus d’intuitions que de certitudes. Certes. Elle donna en revanche de beaux résultats fort tangibles ceux-là, à savoir, celui de plusieurs étudiants continuant à bloguer, twitter et plus largement partager sur ce domaine fascinant du droit des technologies. Au plaisir de vous lire…

Ce contenu a été mis à jour le 18 mai 2013 à 23 h 59 min.

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