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Création du fonds Marc Lalonde

(de gauche à droite: Jean Beetz, Marc Lalonde, Carl Goldenberg, Maximilien Caron, Albert Mayrand, Pierre-Elliott Trudeau, Luce Patenaude)

Ce mercredi soir 29 avril, la faculté de droit de l’Université de Montréal voulait justement souligner la création du fonds Marc Lalonde qui sera dédié pour la recherche en droit de l’arbitrage et des règlement des différends. Me Lalonde dispose d’une carrière exceptionnelle comme professeur, praticien et évidemment comme politicien. Parmi ses «faits d’armes», il m’a été donné de dire quelques mots quant à son implication au tout début du CRDP, en 1962, comme en témoigne la photographie en exergue.

Allocution à l’occasion du lancement du Fonds Marc Lalonde 

Lorsque fut considéré le temps par la Faculté de droit et tout particulièrement par la professeure Rigaud d’honorer Me Marc Lalonde, une main fut tout naturellement tendue vers l’institution que je représente, le CRDP. En effet, cette photo, belle photo, correspond au lancement officiel du premier centre de droit au Canada, le Centre de recherche en droit public. En 1962, à une époque où la recherche ne se faisait que dans la seule connivence d’une plume et de son porteur, il fallait son lot de clairvoyance pour initier une telle aventure. Me Lalonde y participa…
Cette photo, cette belle photo, m’inspira grandement lors de la préparation de ces quelques mots. Si vous permettez, en bon chercheur que je prétends être, j’aimerais vous dévoiler ma méthodologie, à savoir, cette photo, cette belle photo, je la scruta intensément, fixement, dans l’espoir qu’une idée puisse surgir de cette scrutation ; un peu comme lorsque vous fixez les « nymphéas » de Renoir, où les « poissons rouges » de Matisse ; ils bougent. Et bien croyez-le ou non, mais fort de cette méthodologie disais-je, je suis parvenu à une idée toute simple, certes, mais dont l’évidence ne fait doute : cette photo représente formidablement bien ce qu’est la recherche contemporaine, plus de 50 ans en avance.
D’abord, une bonne recherche requiert de l’expertise. Or, cette photo est frappante de par l’explosion d’excellence qu’elle fédère en un seul lieu : pensez-y, sur ce seul cliché, vous pouvez voir un futur premier ministre (Pierre-Elliot Trudeau), un futur ministre (Me Lalonde), une future protectrice du citoyen (Luce Patenaude), un futur juge de la Cour suprême (Jean Beetz), un futur juge à la Cour d’appel (Albert Mayrand), un futur sénateur (Carl Goldenberg), un futur nom du bâtiment qui nous accueille aujourd’hui (Maximilien Caron).
Ensuite, une bonne recherche exige de l’altruisme ; du don de soi. Ce don que nous honorons aujourd’hui même par le biais de ce fonds Marc Lalonde, est en effet une condition souvent requise pour que la recherche se fasse. D’ailleurs, et loin de moi toute tentative d’exhaustivité, mais les recherches phare qui ont participé à la construction de l’identité du CRDP pendant plus de 50 ans se mobilisèrent souvent autour de cette foi dans l’apport des travaux à la société civile et juridique dans son ensemble. Que ce soit les travaux autour de LexUM en informatique, qui permirent un accès libre au droit canadien, de CartaGene dans le domaine de la santé, et ses avancées dans la génomique mondiale, que ce soit tous les apports des chercheurs pour les questions d’accès à la justice et évidemment que ce soit les développements récents offerts par ce joyaux que constitue le Laboratoire de cyberjustice, tous, sont motivés par la croyance véritable des atouts applicatifs et altruistes de nos recherches au jour le jour.
Encore, une bonne recherche, une recherche contemporaine, se doit d’être plurielle. À l’image de cette image, où l’on voit représentants du secteurs public, académiques, praticiens, hommes et femmes, regarder dans la même direction, la recherche requiert aux « entrepreneurs de la recherche » qui composent le Centre d’unir leurs forces ; d’associer leurs actions. L’image trop souvent associée au chercheur travaillant dans la solitude de son bureau est passablement révolue. Et fort de mon nouveau rôle de directeur, bénéficiant du merveilleux rôle d’observation qu’il autorise, je puis témoigner hors de tout doute du travail collectif exercé par les 17 chercheurs qui composent le Centre, des 44 professeurs réguliers (et notamment avec nos partenaires de McGill) qui constituent le Regroupement Droit Changement et Gouvernance.
Enfin, une bonne recherche requiert de la connivence ; non pas seulement celle du chercheur avec sa plume comme cité préalablement mais celle, fleuretant souvent avec l’amitié, la fraternité, excédant le seul respect. De la même manière, mes informateurs me confirmèrent que cette photo décèle son lot d’amitiés, de fraternité, de connivence, de respect. Au-delà des égos, des réclamations, des prétentions que les chercheurs, à l’occasion, réclament, je constate au quotidien le plaisir véritable qu’ils ont de travailler ensemble, d’écrire ensemble, de chercher ensemble ; à l’occasion de trouver ensemble.
Me Lalonde, vous avez donc participé avec bonheur au lancement d’une institution qui je l’espère honore les entités, que ce soit l’Université ou la Faculté auxquelles elle appartient. Au nom des chercheurs que je représente, nous voulions vous remercier de cet héritage. Le CRDP, par ses recherches, par sa composition récemment rajeunie, est résolument axé vers l’avenir ; nul doute que cette direction sera d’autant plus sûre à tracer fort des bases que vous contribuèrent à élaborer.
Me Lalonde, je me devais de dessiner vitement les conséquences de votre action sur le monde de la recherche et du CRDP que vous connaissez bien (notamment, je n’ai eu le temps de le dire, comme chercheur puis comme membre du conseil de direction) ; il me fait plaisir de donner la parole à Me Stephen Drymer pour faire état d’autres pans de vos contributions.
 
 

Ce contenu a été mis à jour le 29 avril 2015 à 20 h 43 min.

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